La nourriture. Cette étape qui nous prend près de la moitié de notre temps éveillé, ce sujet de conversation si cher à nous autres français... et bien parlons-en.
Les singapouriens adorent manger à la cantine, ou "food court", comme on dit par ici. La prononciation de "court" est à votre guise, normalement c'est un joli "o" ouvert de Rhône, mais vous pouvez optez pour le frenchy "ourt" de yaourt (tellement plus glamour). Le principe est très simple : pleins de table et de chaises qui appartiennent à tout le monde. Des petits stands tout autour qui arborent toutes les cuisines asiatiques : Chine, Inde, Vietnam, Malaisie, Japon... et d'autres encore non identifiés. La diversité ethnique de Singapour (déjà évoquée précédemment) prend ici tout son sens, chacun ayant amené avec lui le savoir-faire de son pays d'origine, et c'est tant mieux.
Et voilà le food court d'Alexandra Road, tellement plus sympa (et typique diraient certains) que le resto d'Ikea de la rue d'en face...
Les boissons s'achètent à part, dans le stand dénommé stand à boissons pour plus de commodité pour le lecteur. Voilà. Il y a aussi des restaurants plus traditionnels, c'est à dire avec une salle remplie de chaises et de tables bien à eux, mais sinon, la cuisine est la même, le prix aussi.
Ah, le prix ! Le prix défie la loi de la gravitation universelle dans cette île. Mon record se situe à 1,25 euros le repas complet. Pour vous donner un comparatif, ici le McDo (ouvert 24h/24 d'ailleurs, et qui livre à domicile) coûte 3,25 € pour le menu Big Mac.
Un succulent "Black pepper beef" avec son bol de riz, sa soupe, sa petite sauce sucrée aux agrumes et sa salade, le tout pour 3€50, je dis banco : les food courts, c'est la vie.
Pleins de senteurs exotiques vous titillent les narines en approchant de ces food courts. Ils se situent souvent au sous-sol des supermarchés. Les écritures bizarres vous sautent au yeux, et même traduit ça ne veut pas toujours dire grand chose, genre : mi goreng (pour une sorte de riz cantonnais aux fruits de mer noyé dans un océan de sauce qui pique).
Après les restaurants ce sont les supermarchés que nous avons découverts afin d'y acheter de quoi nous sustenter. A l'intérieur, les produits sont d'aspect déconcertant. L'avantage par rapport au Japon c'est que l'écriture apporte des indices souvent précieux. Enfin, il y a les produits qui nous semblent familiers mais qui sont en fait là pour leurrer l'occidental peu vigilant. Observons :
Vous aurez reconnu les inimitables chut-chut-pas-de-marque-Pringles, à un détail près (devinez voir un peu lequel), aromatisés au "shrimp" (à la crevette, quoi), d'où la nécessité pour nos amis du marketing culinaire de les teindre dans ce si alléchant colori... bon, si ça se trouve, vous les connaissez déjà (qui sait ce qui se trâme en Europe en notre absence), mais ils nous ont bien fait rire. L'équivalent bleu des mers du sud (au crabe, fallait l'savoir) est également disponible, on digère celui-ci avant de s'y attaquer.
La photo ne lui rend pas justice, mais c'est bien un pain de mie vert que vous avez là... en vrai il a un petit goût supplémentaire, mais rien de bien méchant. Je n'ai malheureusement pas de photo pour une autre brioche fourrée au mochi (pour ceux qui ne connaissent pas le mochi, c'est un truc japonais à base de pâte de riz, c'est gluant et c'est bon, et surtout très nourrissant), pour un p'tit dèj' qui tient au corps.
Cependant cela ne nous empêche pas de faire la cuisine à la maison (ce que les singapouriens trouvent parfaitement inconsidéré, vu que ça revient plus cher que de manger dans des food courts...), c'est vrai quoi, on est aussi là pour apprendre des trucs, et la disponibilité de produits culinaires asiatiques à bas prix est plus que tentante. Du coup, ce soir, tambouille asiatique expérimentale :
"Tadaaaaaaaaaaam..."
En A, une tentative mesurée de soupe miso maison (la soupe miso étant un potage japonais typique, et accessoirement très bon), nous dûmes hélas nous débrouiller sans miso (en gros, pâte de soja fermentée), et en utilisant un ersatz de ce dernier... résultat : pas grand chose à voir avec un potage miso, mais très très bon quand même. En B, un bol de nouilles chinoises améliorées avec des lamelles de porc et des oignons nouveaux... pas bien compliqué, mais il faut bien commencer par quelque chose, et le résultat est tout à fait convaincant, j'irai jusqu'à dire que c'est bon ! Gloire.
Pour finir ce billet qui, je l'espère, vous aura ouvert l'appétit, un mot sur la bibine :
Apéro ?
Ceci, ladies and gentlemen, c'est la Tiger, l'équivalent de nos bières bon marché populaires, elle est fabriquée en Asie, et est bue essentiellement en Asie aussi. Pas mauvaise, avec ses 5% elle a un peu plus de goût que notre Heineken et autre Kro, sans arriver au niveau d'une Leffe... mais la bouteille est plus jolie, on ne peut pas tout avoir.
Nul doute que nos expérimentations gastronomiques ne s'arrêteront pas là, nous vous tiendrons au courant de nos investigations futures... sur ce, bon appétit.